Au-delà du PAE : repenser le soutien au travail pour l’invalidité liée à la santé mentale

L’invalidité liée à la santé mentale demeure l’un des enjeux les plus urgents et complexes auxquels font face les employeurs d’aujourd’hui. Malgré les progrès réalisés en ce qui concerne la réduction de la stigmatisation et l’amélioration de l’accès aux soins, les données montrent systématiquement que les réclamations liées à la santé mentale durent plus longtemps, coûtent plus cher et s’accompagnent plus souvent de rechutes que les réclamations pour d’autres types d’invalidité.

Au Canada, les problèmes de santé mentale sont à l’origine de près du tiers des réclamations pour invalidité et de jusqu’à 70 % des coûts qui y sont associés, ce qui fait des problèmes de santé mentale la catégorie d’invalidité la plus coûteuse pour les milieux de travail. Ce type d’invalidité nécessite souvent une intervention et une coordination plus soutenues que ce que les traditionnelles structures de soutien à court terme, comme les programmes d’aide aux employés (PAE), sont en mesure d’offrir.

La disparité entre les besoins des employés aux prises avec de graves problèmes et les mesures de soutien standard à leur disposition met en lumière la nécessité d’adopter une nouvelle approche plus structurée, cliniquement adaptée et qui s’ajuste aux circonstances de chaque cas.

Le bien-fondé d’un deuxième niveau de soutien

Les PAE jouent un rôle important dans l’écosystème de la santé mentale. Ils constituent une porte d’entrée facile d’accès pour obtenir des soins et peuvent s’avérer efficaces pour les personnes qui vivent de l’anxiété ou du stress circonstanciels ou qui remarquent des signes avant-coureurs d’épuisement professionnel. Cela dit, ils sont conçus pour offrir un soutien général et à court terme.

Les employés qui sont mis en arrêt de travail pour des raisons de santé mentale, ou ceux qui retournent au travail après une absence liée à des problèmes de santé mentale, ont souvent besoin d’un niveau de soins différent. Ces personnes peuvent être aux prises avec des problèmes complexes, récurrents ou résistants aux interventions brèves. Même s’il a assurément son utilité, le modèle de PAE standard pourrait ne pas suffire dans une telle situation.

C’est pourquoi nous proposons un deuxième niveau de soutien : un « programme d’invalidité liée à la santé mentale » qui s’ajoute à l’infrastructure du PAE et des avantages sociaux existants, mais qui est conçu spécifiquement pour les employés en congé d’invalidité liée à la santé mentale ou qui reviennent tout juste d’un tel congé.

Un modèle de soins flexible et multimodal

Le programme est fondé sur le principe qu’un traitement efficace, en particulier pour les problèmes de santé mentale modérés à graves, nécessite souvent une combinaison d’interventions thérapeutiques, numériques et pharmacologiques.

Le modèle propose :

• Des séances de thérapie par la parole offertes virtuellement sur la plateforme de Maple pour fournir un soutien psychologique structuré et adapté à la situation de la personne.
• Des interventions thérapeutiques numériques et des outils de pleine conscience au quotidien, notamment l’accès à Headspace. Il a été démontré que les interventions numériques basées sur la pleine conscience réduisent le stress, l’anxiété, la dépression et l’épuisement professionnel tout en stimulant l’engagement au travail.
• Des soins médicaux en santé mentale prodigués par des cliniciens formés pour diagnostiquer et traiter les troubles dépressifs majeurs, les troubles anxieux généralisés, les troubles paniques, les troubles obsessionnels-compulsifs (TOC) et les troubles de l’adaptation graves.

Pourquoi envisager cette solution?

De plus en plus de preuves viennent confirmer que des modèles de soins plus intensifs et intégrés peuvent susciter de plus grandes économies et mener à une meilleure santé, en particulier au sein des populations aux prises avec des problèmes de santé mentale plus graves.

1. Une réduction de la durée de l’invalidité et des risques de rechute
   Il existe une corrélation entre le recours à la psychothérapie pour traiter la dépression et la durée de la période pendant laquelle les patients reçoivent des prestations d’invalidité de longue ou de courte durée.
2. De meilleurs résultats grâce à une combinaison de thérapie et de médicaments
   Les études cliniques constatent systématiquement un meilleur rétablissement fonctionnel lorsque la psychothérapie est jumelée à un traitement pharmacologique dans les cas modérés à graves de dépression ou d’anxiété.
3. Une amélioration de l’engagement et du bien-être grâce à des outils numériques de pleine conscience
   Des applications axées sur la pleine conscience comme Headspace ont été associées à une meilleure adhésion aux plans de soins, à une réduction du présentéisme, à une meilleure régulation émotionnelle, ainsi qu’à une diminution du stress, de l’anxiété et de l’épuisement professionnel.

Les employeurs qui mettent en place des programmes à plusieurs niveaux et fondés sur le plan clinique ont constaté des résultats concrets, et les données de Maple font état d’une réduction de 20 % des réclamations pour invalidité de courte durée et d’un rendement de 2,18 $ pour chaque dollar investi dans le soutien en santé mentale.

Bien sûr, il n’existe aucune intervention qui fonctionne pour absolument tout le monde, mais ces constats laissent entendre qu’on peut favoriser plus efficacement le rétablissement et la résilience en optant pour une approche à plusieurs niveaux plus ciblée qu’en ayant seulement recours à un programme à vocation générale.

Un ajout réfléchi au continuum de soins

Le programme d’invalidité liée à la santé mentale proposé ne vise pas à remplacer les PAE, les régimes d’avantages sociaux ou les initiatives de bien-être au travail. L’idée est plutôt de remédier à une lacune importante en permettant aux employés de gérer leur problème de santé mentale diagnostiqué d’une manière qui favorise véritablement leur rétablissement fonctionnel.

Pour lancer ce programme ciblé, les employeurs n’ont qu’à fournir une liste d’employés admissibles, soit ceux qui sont actuellement en congé d’invalidité ou qui en sont revenus au cours des deux années précédentes. Les employeurs paient ensuite des frais de licence pour que le programme soit hébergé sur la plateforme de Maple et pour pouvoir accéder aux rapports, et les consultations cliniques sont facturées à l’utilisation.

Les problèmes de santé mentale ne sont pas immuables et les soins requis peuvent grandement varier au fil du temps. Pour soutenir les employés au cours de leur période d’invalidité et de leur réintégration dans le milieu de travail, il faut approfondir la couverture et les investissements. En offrant un modèle modulaire, fondé sur le plan clinique et adapté à la population visée, les employeurs peuvent mieux soutenir les personnes les plus vulnérables et, ainsi, potentiellement réduire la durée et la récurrence des invalidités liées à la santé mentale.